Encore et toujours, il est difficile de transcrire avec des mots cette rencontre…ces trois semaines de wwoofing avec la famille Walter-Hable, ces trois semaines à 1100m d’altitude à Himmelbauer, la ferme du ciel !

Encore une fois, nous sommes tombées chez des gens merveilleux qui nous ont ouvert la porte de leur maison, de leur ferme, de leur mode de vie et de leurs engagements.

Une fois de plus, il est difficile de dire au revoir et de continuer notre route après une telle expérience de vie.

La ferme de Barbara, Florian et leurs deux filles (Arnika, 19 ans et Kalina, 15 ans) est une ferme familiale : 80 moutons Steinschaffe, 13 vaches Pinzgauer, 30 poules, un énorme potager et 3 petites serres, 8 ha de prairie permanente, une étable traditionnelle et un joli chalet. Tendre vers l’autonomie alimentaire et agricole est un des objectifs de la famille : diversité de production, transformation et conservation des fruits et des légumes, moulin, four à pain, atelier de transformation pour la viande de bœuf et d’agneau, production et sélection de semences paysannes (!)

Travailler sobrement, avec les moyens du bord et avec le bon sens paysan, voilà ce que Flo et Barbara nous ont transmis ! « Tu ne sais pas ? Alors réfléchis, imagine et essaye, on verra bien ! » Eux-mêmes ne sont pas issus du milieu agricole, en France, on les appellerait Hors-Cadres Familiaux. Barbara vient des montagnes du Niederösterreich et Flo d’une famille viennoise. Après plusieurs saisons comme bergers en altitude, ils ont acquis cette maison, anciennement pub de montagne, ont repoussé les habitués alcoolisés et ont construit peu à peu ce petit paradis.

Barbara est double-actif car elle travaille aussi à l’extérieur, actuellement, elle gère les relations entre les réfugiés et l’administration autrichienne dans plusieurs maisons d’accueil. Lorsque l’Autriche a finalement ouvert ses frontières pour laisser entrer son « quota » de réfugiés (après avoir commencé la construction d’un mur avec sa frontière slovène…), l’État a réparti ces arrivants par région et par village et ouvert ces maisons. Elle intervient autant pour les demandes d’asile que pour les besoins quotidiens. Décidément, ce voyage ne cesse de nous répéter que les volets sociaux et agricoles sont intimement liés…

Les animaux passent l’été dans les « Alm », pâturages en altitude sur des hauteurs qui atteignent 2000m ! En Autriche, ces « Alm » sont gérés par des familles qui possèdent un droit traditionnel, souvent accordé par l’Église ou l’État (le propriétaire de ce pan de montagne). Si la famille n’use pas de son droit : prélèvement de la bonne quantité de bois, mise en pâture avec un chargement suffisant (nombre d’animaux à l’hectare), elle le perd et il est accordé à quelqu’un d’autre. Barbara et Flo sont en contact avec ces familles, ils payent une petite location par nombre de têtes et par saison et participent à l’entretien des parcs (donc nous aussi!). C’est un travail de passionné, de militance pour éviter l’enfrichement des forêts, pour que les traditions pastorales continuent à exister.

Lorsque nous arrivons à la ferme, il y a déjà Anne, une wwoofeuse allemande de Dresden, elle est installée depuis 2 mois dans la roulotte devant la maison. Nous nous installons dans le grenier de la maison et on se fait rapidement amis-amis avec les 6-7 chats qui se baladent sur la ferme (puis sur notre lit) et qui nous rapportent des souris ! Notre cadre de travail et de vie est magnifique et nous ne manquons pas d’aller marcher plusieurs fois dans les alentours (dont une fois avec Checky, le chat roux de la ferme qui, on peut le dire, fatigue après la 4ème heure de marche!).

Ici, le travail ne manque pas, même sans la traite, tendre vers l’auto-suffisance n’est pas de tout repos ! Dès notre arrivée, Pauline se retrouve propulsée dans un champ (très) pentu, sous la pluie à préparer un parc pour les moutons et Marie prépare une serre pour des plantations. Notre travail tournera essentiellement autour de la préparation et conduite des vaches et moutons en altitude et les plantations et multiplications de semences au jardin potager. Nous participons donc à la tonte des moutons, le curage de l’étable, la découpe des agneaux en commande, la fabrication des saucisses, le tri des moutons pour les différents Alm, les transhumances en voiture (et une petite à pied avec 4 vaches). Mais ce qui nous aura le plus marqué, c’est la réparation des parcs en altitude (équipement de pro : tronçonneuse, maillet, barbelés, barre à mine et bonnes chaussures !).

Nous passons de très bons moments avec Flo qui prend toujours les problèmes avec optimisme ! Autant rire de ce moment où les vaches ont refusé de toutes traverser ensemble pour le champs d’en face et où un veau s’en est allé dans le village puis dans la forêt : 8 hommes forts et (encore moins) 3 wwoofeuses n’ont pas suffit à le rattraper… Ne vous inquiétez pas, il est rentré tranquillement pour téter le lendemain matin !

Enfin, nous sommes conviées à suivre la famille dans leurs « sorties » le week-end. 2 jours après notre débarquement, nous nous retrouvons dans un bus de militant en direction de Graz et d’une manifestation anti-TTIP (hop, hop, hop, TTIP stop!), celle-ci finira sous la pluie et la grêle, décidément cette ville est maudite ! Le week-end suivant, nous avons la chance de participer à une fête chez les Longo Maï slovéno-autrichien. Longo Maï est une communauté européenne née dans le sud de la France à Limans. A l’origine, ce sont des mouvements étudiants anarchistes suisses, autrichiens et français qui prônent une indépendance vis-à-vis du système politique, alimentaire et social. Ils revitalisent et dynamisent des villages désertés par l’exode rural. Dans ce village à la frontière, on observe avec enthousiasme la nouvelle génération prendre peu à peu la main. Le lendemain, nous accompagnons Anne pour son prochain séjour de wwoof dans les montagnes italiennes, dans la province d’Udine, elle restera tout l’été en altitude avec des chèvres laitières…ça nous fait doucement rêver…

Les discussions avec Flo et Barbara, les échanges avec Arnika et Kalina, la vie là-haut nous ouvre de nouvelles perspectives et nous inspire beaucoup quant à notre mode de vie futur, le seul bémol si l’on peut dire est cette forte dépendance à la voiture et les transports pour les besoins quotidiens… Mais voilà le début des foins, le soleil pointe enfin le bout de son nez 3 jours d’affilé, il est temps pour nous de partir ! On se sera bien amusé… Les Walter-Hable, on vous attend dans quelques années sur notre ferme !

4 réflexions sur “La Famille Walter-Hable

  1. Quelle belle expérience de vie et de rencontres !
    Cela a du être dur de partir une nouvelle fois sur le chemin que vous avez néanmoins choisi…
    Déjà, vous rencontrez de nouvelles personnes de nouveaux modes de vie et tout ça en Europe, l’aventure et la richesse des rencontres sont à notre porte… Go on girls !
    je vous embrasse

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